Mercredi 10 juillet
Aujourd'hui, je crois avoir trouvé le titre de mon prochain roman "La
dernière représentation". Ce titre sera à double
sens.
Je pense à ce roman depuis déjà pas mal d'années.
Sera-t-il possible d'en venir à bout? Déjà tout cela
me semble très compliqué.
Mes personnages sont pour l'instant : des insectes, des terroristes, et une
troupe de théâtre.
Le point central de ce roman sera une image qui n'est pas une image.
16 juillet 2002. Il faut que je relise Platon, le Mythe de la Caverne.
Tiens c'est bizarre comme je reviens souvent vers les mêmes objets intellectuels
: Platon (dont le dialogue "Cratyle" m'a servi de base pour les
"10 poèmes en 4 Dimensions"), et l'écran d'une caverne
sur lequel ont été tracées les premières représentations
humaines.
L'image dont je vais parler, dans "La dernière représentation",
se découpera également sur un mur. Mais cette image n'aura pas
été projetée là par une main d'homme. C'est une
image qui n'est pas une image. Ce n'est pas une représentation non
plus. C'est une "présentation".
Mardi 16 juillet
Ces jours-ci me voient occupé à la rédaction du plan
du troisième épisode des Prisonniers de l'Internet, "Le
château de Bolkhor".
Son action se déroulera en Roumanie, et plus particulièrement
dans les Carpathes, entre Brasov et Sighisoara, région de minorité
allemande pour la première ville et hongroise pour la seconde.
Je voulais absolument situer ce troisième épisode en Hongrie,
pays de Lazlo Huberding - afin de donner une autre "respiration"
à la série. Le hasard a voulu que je sois invité en Roumanie,
par l'Institut de France, pour y montrer mes oeuvres multimédia.
Plutôt que de faire aterrir mes personnages à Budapest, et de
leur faire gagner la partie hongroise des Carpathes, je vais me servir intégralement
de mes carnets de voyage, et les faire aterrir à Bucarest. L'action
se déroulera ensuite dans la partie à minorité hongroise
des Carpathes.
Je n'aurai aucune peine à justifier cela : Lazlo, en homme du passé,
se prétend toujours être hongrois, alors que pour l'état-civil
il habite la Roumanie. Au contraire même, cela me donnera l'occasion
de quelques sorties comiques du magicien, qui s'affirmera encore un peu plus
comme un caractère à la fois emporté et toujours à
la limite du ridicule.
Quand je repense à la chance que j'ai eue d'être invité,
au Printemps dernier (2002), par l'Institut Français de Bucarest, pour
y montrer mes oeuvres multimédia! Je voudrais croire à une quelconque
bonne étoile...le jour où ces ouvrages se vendront par fourgons
entiers! Il n'en reste pas moins que ce voyage était très agréable,
et inespéré!
Pendant cinq jours, j'ai pu visiter Bucarest, et faire une virée en
train dans les Carpathes, y prendre des photos, respirer l'atmosphère.
Je me souviens tout particulièrement d'un personnage, de type paysan,
dont j'ai tout de suite su, en le voyant, qu'il me servirait pour mon roman
: l'oeil d'un bleu délavé, les cheveux blonds filasses, le teint
rougeaud, le regard assez éteint, et une grande lenteur dans tous les
gestes. Habillé d'une veste et d'un pantalon "bleu de chauffe",
coiffé d'une casquette molle en laine feutrée, il semblait errer
entre la condition paysanne et ouvrière : peut-être était-il
occupé aux travaux de voirie, ou quelque chose d'approchant. Il s'appelait
Aurel.
Le fait que je l'ai vu dans un lieu assez touristique (château de Bran)
pourrait expliquer cette impression qu'il m'a faite, d'être à
cheval entre plusieurs mondes, et de ne pas savoir encore dans quelle catégorie
se ranger.
Il sera très bien dans le rôle de l'homme à tout faire
de Lazlo...qui pestera de temps en temps contre la "lenteur intellectuelle"
de son serviteur...et dont Lucie, au contraire, appréciera le côté
rassurant, bonnasse.
En visitant ce pays, j'ai également compris pourquoi plusieurs oeuvres
romanesques s'en étaient emparé. Forêts denses, relief
escarpé, petites routes sinueuses, et "densité" toute
particulière des habitants, qui semblent participer de cette opacité
du paysage : tous les ingrédients sont là pour laisser courir
l'imagination!
Eté 2002. Les cigales se sont transformées en grenouilles.