"Au participe présent" ne repose que sur une contrainte toute simple : employer le participe présent.
à Propos : (c'est un texte que j'ai retrouvé récemment sur le net, un texte que j'avais oublié avoir écrit et publé sur la liste E-critures...à peu près au moment où j'avais mis en ligne "Au participe présent", et qui présente mes réflexions de l'époque sur le participe présent...Je restitue le texte dans son jus.
Parfois, on légende les photos d'un participe présent tout simple "Valérie
faisant ses premiers pas", "Jean étrennant son nouveau cheval", "Victoire
vidant sa dernière canette", "Jérôme vomissant dans le caniveau" etc... C'est
alors le temps d'un éternel présent que l'on voudrait figer - un prsent
qui ne s'ente pas moins dans un passé désigné comme tel, revendiqué.
Ce participe prsésent-là est comme un chuchotement d'espoir - espoir que le
passé soit toujours vivant et que les images portant pour toujours la preuve
que cela a eu lieu, le verbe permettra, lui, de préciser que cela n'a pas
eu lieu pour n'importe qui, mais pour Valérie, Victoire, Jean, Jérôme etc...
En cela, ce participe présent n'est pas une répétition de l'image. Il ne la
fait pas radoter. Il lui donne simplement une chance supplémentaire de témoignage.
Synchrone avec elle, il a néanmoins une durée qui excède le "punctus"
(Barthes) de la photo. Participe présent duratif, pourrait-on dire. Qui fait
durer l'événement jusqu'à nous. De telle sorte que si l'on sait très bien
que Valérie n'aura fait ses premiers pas qu'une seule fois de cette faon précise,
de cette façon-là, dont la photo témoigne, le participe présent qui l'accompagne
permettra à Valérie de faire longtemps ses premiers pas. Plus longtemps
que la photo prise sur l'instant, de telle sorte que ce participe présent
aura une valeur de débordement. Un flou temporel, qui serait comme un surlignage
aux bords enrobants.
Le participe présent serait le temps privilgié du commentaire d'images - qui
ferait de ces dernières déjà un petit film. Le verbe permettant de reconstituer
un contexte, voire de prolonger l'image, la rendrait suffisamment mouvante
pour lui donner une illusion de mouvement. Ce participe présent-là, on le
voit, est assez différent de celui utilisé dans l'écriture courante, où il
exprime soit le temps, soit la cause, soit encore remplace une proposition
relative. Le participe présent de commentaire est né avec l'image argentique,
l'image que l'on archive pour soi. Il est la rencontre du visuel et du scriptural,
la limite toujours de la tautologie. Temps de l'intime, de l'action que l'on
veut vivante par l'emploi d'un verbe - puisque le verbe, c'est avant tout
l'action - mais que l'on veut proche aussi, en employant ce temps invariable,
facile à conjuguer, avec lequel on aura peu de chances de faire coincer
par la grammaire.
On l'utilise aussi, certainement, par crainte de devoir faire une trop longue
phrase. Avec lui, on va l'essentiel. Son utilisation systmatique dans ce cadre-là
aura eu toutefois pour effet de le rendre quelque peu ringard. Voudrait-on
parodier des albums photo poussiéreux, que l'on n'irait pas chercher un autre
temps. Le participe présent est aussi le temps des provinces immobiles, des
commodes grinçantes, de l'immuable qui finit par agacer. L'ouvroir de grammaire
potentielle,Ougrapo,
prône même la formation d'un participe futur, pour "soulager ce pauvre participe
présent si souvent harassé". Il pourrait toutefois, transition vidente, être
intéressant d'en faire une contrainte, pour la réalisation d'une oeuvre multimédia.
C'est ce que j'ai voulu faire, dans ce récit interactif (très peu) encore
inachevé, qui suppute l'existence d'un esprit de la neige. A moins qu'il ne
s'agisse d'une formation extraterrestre. On trouvera ce dont je veux parler.
Maintenant, peut-être que d'autres voudraient eux aussi, suivre cette contrainte
(qui m'a été inspiré, je le précise, lors de la visite d'une expo photo la
Fnac de Toulouse, où, lisant la légende d'un des tirages, j'ai fait un focus
instantané sur ce participe présent tellement familier, tellement évident,
que l'on finirait par l'oublier). Suivre cette contrainte, et mettre leurs
oeuvres en ligne sur le site e-critures.org, tout comme j'ai l'intention d'en
prendre l'initiative pour la mienne, ce qui donnerait un effet de "collection".
Voilà, c'est une proposition que je vous fais, aux uns et aux autres.
Pour ce qui me concerne, je continue mon récit, à la grâce des interprétations.